Dans les couloirs des établissements scolaires, les AESH sont désormais incontournables. Invisibles pour certains, indispensables pour d’autres, ces Accompagnants d’élèves en situation de handicap réclament enfin une reconnaissance à la hauteur de leur engagement.
Il suffit d’observer une rentrée scolaire dans une classe de primaire pour mesurer l’importance de leur rôle. Dans un coin de la salle, une femme pose doucement sa main sur l’épaule d’un enfant en difficulté. L’enfant retrouve sa concentration. Elle sourit. Floriane, AESH depuis six ans, travaille à temps partiel avec un salaire plafonné à 900 euros net par mois. « Sans AESH, il n’y a pas d’école inclusive », confie-t-elle lors d’un échange à Marseille, rappelant à quel point ces professionnels sont essentiels pour garantir l’inclusion scolaire de tous les élèves.
Un rôle central mais un statut encore précaire
Les AESH jouent aujourd’hui un rôle déterminant auprès d’environ 450 000 élèves en situation de handicap. Leur accompagnement s’étend à la classe, aux récréations, aux déplacements, mais aussi à l’évaluation des besoins éducatifs. Malgré cette implication cruciale, leur statut reste celui de contractuels, sans garantie d’emploi pérenne ni reconnaissance salariale.
Depuis la transformation des anciens AVS en AESH en 2014, les revendications se sont multipliées. La création d’un vrai corps de catégorie B dans la fonction publique apparaît désormais comme la principale exigence des collectifs et syndicats éducatifs.
« On nous demande d’être formés, d’être présents et investis sur le long terme. Mais avec un salaire minime et aucune reconnaissance professionnelle, qui peut tenir dix ans dans ces conditions ? » confie Floriane, AESH dans un collège des Bouches-du-Rhône, illustrant les défis quotidiens de ces acteurs essentiels de l’inclusion scolaire.
Une école inclusive en tension
Le discours institutionnel présente l’école inclusive comme un pilier de l’égalité républicaine. Sur le terrain, les moyens humains peinent toutefois à suivre. Les rectorats rencontrent d’importantes difficultés de recrutement. Selon plusieurs académies, dont Lille et Créteil, des vagues de démissions préoccupantes sont actuellement observées. Manque de valorisation, contrats précaires, temps partiels imposés : les obstacles restent nombreux pour assurer un accompagnement efficace des élèves en situation de handicap.
Des chiffres qui soulignent l’urgence
| Année | Nombre d’élèves en situation de handicap | Nombre d’AESH | Taux de couverture estimé |
|---|---|---|---|
| 2017 | 322 000 | 85 000 | 26,4 % |
| 2021 | 385 000 | 125 000 | 32,4 % |
| 2025 (projection) | 450 000 | 137 000 | 30,4 % |
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Malgré une augmentation constante du nombre d’AESH, le taux de couverture reste encore insuffisant. Les mutualisations sont désormais la norme, contraignant de nombreux AESH à se déplacer d’un élève à l’autre, parfois dans plusieurs établissements chaque semaine.
Catégorie B : la promesse attendue
La création d’un corps de catégorie B pour les AESH a été évoquée dès 2023 dans les rapports des inspections générales. Depuis, la pression s’accentue : les syndicats, soutenus par la FCPE, réclament une revalorisation à ce niveau, accompagnée de titularisations et d’une formation continue renforcée.
Ce que changerait la catégorie B pour les AESH
- Recrutement par concours ou promotion interne
- Grille indiciaire plus favorable, de 1 850 € à près de 2 900 € bruts par mois
- Sécurité de l’emploi grâce à la titularisation
- Évolution de carrière possible (passage en catégorie A, mobilités internes)
La catégorie B, dédiée aux fonctions d’application et de responsabilités, offrirait aux AESH une reconnaissance structurelle et salariale. Floriane, comme beaucoup d’autres, attend surtout des actes concrets : « On sait nous faire de beaux discours. Mais une vraie grille, avec de vrais échelons, c’est ça qu’on attend. »
Un point de bascule pour les politiques
Dans les cercles décisionnels, la réforme des AESH semble progresser sous pression. Ni le budget 2025 ni les annonces de rentrée scolaire n’ont pour l’instant livré de calendrier précis. Pourtant, une note interne du ministère de l’Éducation nationale, consultée récemment, mentionne « une étude d’impact sur une intégration progressive des AESH en catégorie B à partir de 2026 ».
Pour les associations de parents, le message est limpide : sans mesures rapides, l’inclusion scolaire risque de reculer, mettant en péril le droit à l’école pour tous.
« Mon fils autiste a redoublé parce qu’il n’a pas eu d’AESH pendant six mois. L’Éducation nationale parle d’égalité, mais elle n’en donne pas les moyens », témoigne Caroline, mère d’un enfant en CP à Nantes.
Vers une reconnaissance structurelle
Régulariser, professionnaliser, reconnaître : trois mots qui reviennent dans tous les tracts et sur toutes les lèvres. La création d’un corps d’AESH en catégorie B serait, selon un coordinateur d’Ulis à Montpellier, « cesser de jouer aux intermittents du soutien scolaire ».
L’avenir d’une école réellement inclusive passe probablement par cette reconnaissance structurelle. En l’absence d’avancées concrètes, d’autres mobilisations sont déjà prévues pour l’automne. Une école inclusive sans AESH montre depuis longtemps ses limites. L’inclusion scolaire ne se décrète pas : elle se planifie et s’organise, avec un statut digne de ce nom.
FAQ
Qu’est-ce qu’un AESH ?
Un AESH (Accompagnant d’élèves en situation de handicap) est un professionnel chargé d’accompagner les élèves en difficulté dans leur vie scolaire quotidienne pour favoriser l’inclusion scolaire.
Pourquoi les AESH sont-ils indispensables à l’école inclusive ?
Les AESH permettent aux élèves en situation de handicap de suivre les cours, participer aux activités et bénéficier d’un accompagnement personnalisé, garantissant ainsi une éducation équitable.
Que signifie la création d’un corps de catégorie B pour les AESH ?
La création d’un corps de catégorie B offrirait aux AESH un statut officiel dans la fonction publique, avec titularisation, sécurité de l’emploi et grille salariale plus avantageuse.
Depuis quand la création d’un corps de catégorie B est-elle discutée ?
La question a été soulevée dans les rapports des inspections générales dès 2023, et les syndicats et associations réclament désormais une action concrète.
Quels sont les problèmes actuels des AESH ?
Les AESH sont souvent en contrats précaires, avec des temps partiels imposés, un salaire faible et un manque de reconnaissance professionnelle, malgré leur rôle essentiel dans l’inclusion scolaire.
Comment l’absence d’AESH affecte-t-elle les élèves ?
Sans AESH, certains élèves en situation de handicap peuvent rencontrer des retards scolaires, redoublements, ou une exclusion implicite, ce qui fragilise le principe d’égalité à l’école.
Quelles mobilisations sont prévues pour améliorer la situation des AESH ?
Des collectifs, syndicats et associations de parents organisent régulièrement des manifestations et actions de sensibilisation, notamment à l’automne, pour réclamer une reconnaissance officielle et salariale.
Conclusion
En définitive, les AESH ne sont pas de simples accompagnants : ils sont au cœur de l’école inclusive, garantissant que chaque élève en situation de handicap puisse accéder à une éducation équitable. La création d’un corps de catégorie B représente une étape cruciale pour leur reconnaissance professionnelle, la sécurité de l’emploi et une revalorisation salariale méritée.
