Quand j’ai rencontré Kévin, il n’était pas suspendu à un immeuble, mais il aurait très bien pu l’être. « Je gagne 2 600 € par mois sans aucun diplôme », m’a-t-il confié, casque à la main et sourire aux lèvres. Ce jeune cordiste à Nantes, employé dans une entreprise de BTP spécialisée dans les travaux en hauteur, fait partie de ces professionnels recherchés. Ce métier méconnu, pourtant en pleine expansion en France, peine encore à recruter malgré d’excellentes conditions salariales et une forte demande.
Un métier méconnu qui rapporte
Le métier de cordiste consiste à travailler suspendu à des cordes pour intervenir sur des bâtiments, pylônes, falaises ou structures industrielles. Ces professionnels réalisent des missions variées : nettoyage de vitres en hauteur, réparation de façades, pose de filets de sécurité, inspection de ponts, ou encore élagage d’arbres en milieu urbain. Un métier physique, exigeant, mais riche en débouchés.
Kévin, lui, a commencé comme intérimaire sur un chantier avant d’obtenir un CDI dans une PME de 12 salariés. Il raconte :
« J’ai commencé parce qu’un pote m’a dit qu’ils cherchaient du monde. Moi, je n’avais rien, aucune formation. On m’a formé sur le tas, puis j’ai passé un CQP de cordiste (certificat de qualification professionnelle). Aujourd’hui, je touche 2 600 € net par mois, sans compter les primes. »
Une formation courte… mais une sélection physique
Même si le métier de cordiste ne demande aucun diplôme à l’embauche, il exige rapidement une certification professionnelle reconnue. Le CQP Cordiste de niveau 1, accessible après seulement quelques semaines de formation, constitue la première étape indispensable pour exercer. Par la suite, les travailleurs peuvent se spécialiser ou progresser vers un niveau 2, ouvrant la voie à des missions plus techniques et mieux rémunérées.
Ce travail en hauteur requiert une excellente condition physique, une grande tolérance au vertige, et une vigilance permanente. Les employeurs du secteur du BTP recherchent avant tout des profils fiables, rigoureux et capables de respecter des protocoles de sécurité stricts.
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Voici les principales caractéristiques du métier :
| Accès | Sans diplôme, via CQP |
|---|---|
| Salaire moyen | 2 300 € à 3 000 € net par mois |
| Pénibilité | Élevée (intempéries, hauteur, charge) |
| Mobilité | Souvent nécessaire, missions partout en France |
| Évolution | Chef d’équipe, encadrant, formateur |
Un marché en tension permanente
Selon le Syndicat des travaux sur cordes (DPMC), la France ferait face à une pénurie de plus de 1 500 cordistes. Le secteur compte environ 10 000 professionnels en activité, mais les offres d’emploi non pourvues continuent de s’accumuler, notamment dans les grandes villes comme Lyon, Toulouse ou Paris.
Pourquoi un tel décalage entre rémunération et attractivité du métier ? Le quotidien d’un cordiste est exigeant : déplacements fréquents, horaires étendus, et exposition constante aux risques. Autant de contraintes qui freinent les vocations.
Kévin le résume avec franchise :
« Les jeunes veulent du confort. Ici, si tu veux rester en forme, faut pas faire la fête tous les soirs. Et puis, c’est pas un boulot où tu restes derrière un bureau. »
Environ 3 cordistes sur 10 quittent la profession avant 2 ans.
Face à la pénurie de main-d’œuvre, les employeurs du secteur des travaux sur cordes élargissent leur recherche à des profils très variés : anciens militaires, sportifs de montagne, ou encore intermittents du spectacle. Tous possèdent des compétences physiques et techniques précieuses pour ce métier exigeant.
Certains travailleurs choisissent également le métier de cordiste pour sa flexibilité : la saisonnalité des chantiers, notamment au printemps et en été, permet à beaucoup de compléter leurs revenus tout en exerçant une activité en plein air.
D’autres métiers sans diplôme, mais sous tension
Si le métier de cordiste attire l’attention grâce à son salaire attractif, il n’est pas le seul métier sans diplôme à recruter activement. Plusieurs professions en tension, souvent méconnues, offrent pourtant de bonnes conditions de travail et des rémunérations correctes :
- Technicien hygiéniste : jusqu’à 2 100 € nets par mois, pour des missions de dératisation et de désinsectisation.
- Conducteur routier : accessible après une formation courte, avec un salaire moyen de 2 000 à 2 500 € nets selon les trajets et les charges.
- Agent de propreté : environ 1 600 € nets mensuels, avec nombreuses heures supplémentaires possibles.
- Aide à domicile : un métier humain et essentiel, toujours en recherche de personnel qualifié.
Le point commun entre ces professions ? Un manque chronique de main-d’œuvre. Souvent peu valorisés dans le débat public, ces métiers essentiels garantissent pourtant le bon fonctionnement du pays. Et, comme Kévin, beaucoup y voient une voie d’insertion professionnelle solide, sans avoir besoin de passer par le parcours traditionnel du diplôme.
Vers une revalorisation par la pratique ?
Les pouvoirs publics tentent aujourd’hui de rendre ces métiers manuels plus attractifs. Plusieurs régions mettent en place des aides à la formation, des parcours de reconversion simplifiés, ou encore des concours professionnels pour valoriser ces emplois essentiels. Malgré ces efforts, un frein culturel persiste : ces professions restent encore perçues comme secondaires, alors qu’elles offrent de vraies opportunités de carrière.
Quand je lui demande ce qui le pousse à continuer, Kévin répond sans hésiter :
« Je fais un métier où je vois ce que je produis. J’ai pas de diplôme, mais je gagne bien ma vie, et je suis fier de ce que je fais. Tout le monde ne peut pas en dire autant. »
Des métiers comme celui de cordiste rappellent que la réussite professionnelle peut aussi se construire hors des sentiers battus — parfois même au bout d’une corde, suspendue entre ciel et béton.
FAQ
Quel est le métier qui recrute sans diplôme à 2 600 € par mois ?
Le métier évoqué est celui de cordiste, un professionnel qui travaille en hauteur sur cordes, principalement dans le secteur du BTP. Il intervient sur des bâtiments, ponts, pylônes ou falaises pour des missions de nettoyage, maintenance ou réparation.
Faut-il un diplôme pour devenir cordiste ?
Non, aucun diplôme n’est exigé à l’embauche. Cependant, une certification professionnelle, comme le CQP Cordiste niveau 1, est obligatoire pour exercer en toute sécurité.
Combien gagne un cordiste en France ?
Un cordiste débutant peut percevoir environ 2 000 à 2 600 € nets par mois, selon la région, l’expérience et le type de missions. Les plus expérimentés peuvent gagner davantage grâce aux primes et heures supplémentaires.
Où peut-on suivre une formation de cordiste ?
Les formations sont proposées par des centres agréés ou des organismes spécialisés en travaux sur cordes. Certaines régions financent partiellement la formation via des aides à la reconversion professionnelle.
Quelles sont les qualités requises pour devenir cordiste ?
Le métier demande une bonne condition physique, une tolérance au vertige, une vigilance constante et un grand respect des règles de sécurité. La rigueur et l’endurance sont indispensables.
Quels sont les risques du métier de cordiste ?
Les principaux risques concernent les chutes de hauteur, les conditions climatiques difficiles et la fatigue physique. Cependant, le respect des protocoles de sécurité et l’utilisation d’un équipement certifié réduisent considérablement les dangers.
Dans quelles villes les cordistes sont-ils le plus recherchés ?
Les grandes métropoles comme Paris, Lyon, Toulouse, Marseille et Nantes concentrent la majorité des offres d’emploi. La demande est forte dans le secteur du BTP et de la maintenance industrielle.
Conclusion
Le métier de cordiste incarne parfaitement l’idée qu’il est possible de réussir sans diplôme. Entre autonomie, technicité et salaire attractif, cette profession allie travail manuel et précision dans un environnement unique, souvent suspendu entre ciel et terre.
