Deux jeunes Françaises, arrêtées à Istanbul lors d’un simple transit, se retrouvent confrontées à un avenir incertain. Entre incompréhension et procédure judiciaire stricte, la situation devient de plus en plus inquiétante pour leurs familles restées en France.
Je me suis rendu à Istanbul pour enquêter : au consulat de France, au parquet spécialisé dans les affaires de trafic de stupéfiants, et j’ai échangé avec les avocats de la défense. Ce que j’ai découvert va bien au-delà d’une erreur de parcours : les deux jeunes femmes encourent jusqu’à 16 ans et 8 mois de prison, et tout cela pour une simple valise.
Un voyage retour qui tourne au cauchemar
Ibitssem, 21 ans, étudiante française, avait planifié son retour de Thaïlande avec soin. Elle voyageait avec une amie, également Française, dans la vingtaine. Toutes deux faisaient escale à Istanbul, en transit vers Bruxelles, quand leur vie a basculé à l’aéroport international Sabiha Gökçen.
Les autorités turques ont découvert plus de deux kilos de cannabis dans leurs valises cadenassées, dissimulés dans une doublure intérieure. Les deux jeunes femmes ont immédiatement été arrêtées et placées en détention provisoire, affirmant ignorer le contenu des bagages.
« On nous a demandé simplement d’emporter ces valises de Bangkok à Bruxelles. C’était un ami, on avait confiance, on ne savait pas. »
Ibitssem m’a confié ces mots dans une salle d’audience fermée du tribunal pénal d’Istanbul, où elle a comparu brièvement avant que son procès ne soit renvoyé au 11 septembre 2025.
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Une peine particulièrement lourde encourue
La législation turque est stricte en matière de drogue. Selon l’article 188 du Code pénal turc, tout transport de stupéfiants est considéré comme du trafic, surtout lorsqu’il franchit une frontière. Les deux jeunes Françaises encourent :
- Une peine maximale de 16 ans et 8 mois de prison
- Une amende pouvant dépasser 60 000 euros
- L’interdiction d’entrée en Turquie pendant 10 ans après l’exécution de la peine
Selon leur avocat turc, Me Kartal, les possibilités de réduction de peine sont faibles sans aveux ou coopération contre les véritables organisateurs. Or, les deux accusées disposent de très peu d’informations sur ces derniers.
Le rôle trouble d’un « ami » depuis Amiens
L’affaire prend une tournure encore plus dramatique lorsqu’on considère l’origine du voyage en Thaïlande. Selon la défense, le séjour a été entièrement financé par un ami d’enfance d’Ibitssem, actuellement incarcéré à la maison d’arrêt d’Amiens. Il aurait offert le voyage – billets, hôtel, frais de visa – à condition que les jeunes femmes transportent ses bagages.
Cet homme, condamné en France pour extorsion et transport de stupéfiants, aurait manipulé Ibitssem, consciente de sa vulnérabilité et de son isolement social.
« Il me rassurait, disait que c’était juste un service. Il ne pouvait pas voyager lui-même à cause de papiers. Je n’ai jamais osé dire non. Il a toujours été comme un grand frère pour moi. »
Pour l’instant, ces déclarations n’ont pas convaincu la procureure turque, qui exige des preuves formelles d’une coercition. Le parquet turc réclame une peine sévère, dans le cadre d’une politique stricte de tolérance zéro contre les mules internationales.
Procès à venir et soutien diplomatique timide
Actuellement incarcérées à la prison Bakırköy pour femmes, les deux Françaises attendent leur audience principale, fixée au 11 septembre. Selon des sources du ministère des Affaires étrangères, le consulat de France à Istanbul assure un suivi régulier tout en évitant tout commentaire public sur le fond de l’affaire.
Le porte-parole de l’ambassade, contacté sous réserve d’anonymat, a déclaré :
« Nous respectons totalement les lois turques. Nous fournissons un soutien consulaire, mais nous ne pouvons pas interférer dans la procédure pénale. »
Les erreurs fatales de naïveté
Cette affaire rappelle plusieurs cas similaires en Turquie ces dernières années, où de jeunes voyageurs étrangers se sont retrouvés utilisés comme mules à leur insu. La justice turque, particulièrement rigoureuse en matière de stupéfiants, ne fait aucune distinction : ignorance ou confiance mal placée n’exonèrent en rien les accusés.
| Nom | Âge | Nationalité | Date d’arrestation | Lieu | Peine encourue |
|---|---|---|---|---|---|
| Ibitssem | 21 ans | Française | Février 2025 | Aéroport d’Istanbul | 16 ans et 8 mois |
| Non communiqué | Environ 20 ans | Française | Février 2025 | Aéroport d’Istanbul | 16 ans et 8 mois |
FAQ’s
Que s’est-il passé avec les deux Françaises à Istanbul ?
Deux jeunes Françaises ont été arrêtées à l’aéroport Sabiha Gökçen d’Istanbul après que les autorités turques ont découvert plus de deux kilos de cannabis dans leurs valises. Elles affirment ne pas avoir eu conscience de ce qu’elles transportaient.
Quelle peine encourent-elles en Turquie ?
Selon l’article 188 du Code pénal turc, elles risquent jusqu’à 16 ans et 8 mois de prison, une amende pouvant dépasser 60 000 euros, et une interdiction d’entrée en Turquie pendant 10 ans.
Pourquoi ont-elles transporté ces valises ?
Selon leur défense, elles ont été sollicitées par un ami d’enfance d’Ibitssem, incarcéré en France, pour transporter ses bagages de Bangkok à Bruxelles, sans savoir qu’ils contenaient des stupéfiants.
Où sont-elles détenues actuellement ?
Les deux Françaises sont incarcérées à la prison Bakırköy pour femmes à Istanbul, en attendant leur audience principale fixée au 11 septembre 2025.
Quel rôle joue le consulat français ?
Le consulat de France à Istanbul assure un suivi régulier et fournit un soutien consulaire, mais ne peut pas interférer dans la procédure judiciaire turque.
Quelles sont les chances de réduction de peine ?
Selon leur avocat turc, Me Kartal, les possibilités de remise de peine sont faibles sans aveux clairs ou coopération contre les véritables organisateurs.
La Turquie fait-elle des distinctions pour les jeunes voyageurs innocents ?
Non. La justice turque est très stricte : ignorance ou confiance mal placée n’exonèrent pas les accusés de responsabilité en matière de stupéfiants.
Conclusion
L’affaire des deux Françaises à Istanbul illustre la rigueur de la justice turque en matière de stupéfiants et les risques encourus même lors d’un simple transit international. Entre détention provisoire, peines sévères et soutien limité du consulat, leur avenir reste incertain. Ce cas rappelle aux voyageurs l’importance de la prudence et de la vigilance lorsqu’ils transportent des bagages pour autrui, même par simple confiance ou amitié.
